[V]
Lorsque j'écris, je ne sais pas où je vais arriver. Je veux commencer dans un sens, mais j'arrive à l'opposé. Je ne sais jamais où le fil de mes pensées, au gré de mes mots, me mènera.
Je suis à nouveau incapable d'écrire, le seul fait de poser ces phrases prouve le contraire. J'ai toujours eu peur de faire trop bien, d'écrire trop gros, trop beau. Il m'a fallu longtemps après "catharsis", personne ne peut avoir dans l'idée de ce que j'ai ressenti ce samedi matin, 8h00, alors que les mots coulaient de mon stylo sans que je puisse les arrêter, j'étais leur esclave. Je ne sais quel dieu ou démon a pris possession de moi à ce moment afin d'assouvir ce besoin de poser ces mots quelque part. J'ai été trop souvent son esclave, me relevant la nuit pour poser les phrases que je ne voulais pas oublier, chercher avec frénésie le ticket de métro, la note, ou le morceau de papier grâce auquel je pourrais apaiser mon envie d'écrire.
C'est pour ça que j'ai toujours peur en me relisant. Je sais que ce que j'écris ici est médiocre, voir vraiment mauvais. Mais si je relis quelque chose dans lequel il y a tout mon cœur, j'ai toujours eu peur de ne plus pouvoir écrire, d'avoir fait trop et d'être littéralement vidée de toutes sensations après. Comme si j'avais mis trop d'ardeur à le faire et que toute mon âme était à présent, écrite en caractère rouge sur une feuille de papier.